Etoile cyclo : les élèves blésois mouillent le maillot

Mis à jour le 19.06.25

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Reportage au bord de la Loire

Pour la 14e année consécutive, les élèves de l ’école Joséphine Marchais participent à l’Étoile Cyclo, un événement emblématique du sport scolaire en Loir-et-Cher.

« Poteau ! », « Feu rouge ! », « Voiture ! », hèlent les Cyclos randonneurs blésois (CRB) qui encadrent avec les PE les groupes d’élèves juchés sur leur “petite reine” de l’école élémentaire REP+ Joséphine Marchais à Blois en Loir-et-Cher. Équipés de casques et de gilets jaunes, les CM1-CM2 participent à la 33e Étoile Cyclo du Loir-et-Cher organisée durant cinq jours par l’USEP 41 (voir interview ci-contre).

Au programme du dernier entraînement, 14 kilomètres sur routes et pistes cyclables avec en point d’orgue la traversée du centre-ville blésois. « Circuler en ville demande encore plus de vigilance car nous devons partager la route avec les voitures, les bus, les piétons », explique Frédérique Blain, enseignante de CM2. « Nous devons faire attention à ne pas nous mettre en danger, laisser un espace entre chaque groupe pour que les voitures puissent s’incruster et nous doubler », explique Éléonore, une élève. « Rester à droite et garder la même vitesse », précise sa camarade Dima. « Gérer nos efforts, changer de vitesse dans les montées quand on pédale », complète Fatoumata qui précise toutefois qu’il est possible de descendre de vélo lorsque la montée est trop difficile.

SE PRÉPARER 

Des réflexes et comportements qui ont été travaillés en amont. « Les entraînements débutent dans la cour de l’école, rapporte Virginie Cochereau, enseignante de CE2-CM1. Ils s’habituent à rouler les uns derrière les autres, toujours dans le même ordre, à maintenir un espace entre chaque cycliste pour ne pas se rentrer dedans en cas de freinage et risquer la chute. On identifie aussi les enfants qui n’ont pas encore appris à faire du vélo ». Durant les temps de récréation, des vélos sont mis à disposition. Les enfants tutorent leurs camarades en donnant astuces et conseils. « En deux semaines maximum, ils apprennent à maîtriser leur monture », se réjouit Virginie.

Tous les élèves bénéficient aussi d’une journée au CDER* où ils articulent théorie et pratique pour le respect du code de la route. S’ensuivent quatre entraînements en situation réelle où élèves et équipe enseignante, épaulée par les bénévoles du CRB, parcourent la campagne blésoise. « Notre rôle est d’assurer la sécurité en étant vigilant sur la conduite des enfants, en sécurisant les carrefours et traversées de route, détaille Antoine Sauvet, président du CRB. Certains sont chargés d’encadrer un groupe, d’autres sont volants et des personnes ouvrent et ferment le convoi. Nous nous chargeons aussi de la logistique mécanique : gonflage, changement des chambres à air, etc. ».

*Centre départemental d’éducation routière.

VIVRE ENSEMBLE

Pour Corinne Mautaud, retraitée et aussi accompagnatrice, cela va au-delà. « On crée du lien avec les enfants, c’est un moment rempli de complicité, de découvertes et d’émerveillement communs ». Un apprentissage du vivre ensemble essentiel pour les PE. Frédérique apprécie notamment tous les temps informels durant ces cinq jours comme le petit déjeuner que les élèves sont invités à préparer pour les autres. Marine Naissant, enseignante de CM2, adore les veillées qui permettent de pratiquer des activités que les enfants ne font pas forcément chez eux (jeux de société, lectures, jeux collectifs…). « Les élèves gagnent en autonomie en gérant leurs affaires, s’entraident, respectent les règles collectives », note Frédérique.

« On découvre aussi les élèves sous un autre jour, précise Alain Cheffer, directeur de l’école et à l’origine du projet en 1998 lorsqu’il était adjoint dans cette même école. Des élèves qui rencontrent des difficultés scolaires se révèlent et ont l’occasion de briller. C’est aussi un moment où les élèves nous découvrent autrement ». « En pyjama, ils adorent ! », ajoute en souriant Frédérique. Des moments plébiscités par les élèves. « J’ai envie de découvrir un autre univers que celui de la maison », rapporte Chloé. « On apprend à vivre sans nos parents et on se débrouille », complète Safaa. Quant à Mohamed Amin, « ce qui me plaît, c’est de manger, jouer et dormir avec mes amis ».

“GÉRER NOS EFFORTS, CHANGER DE VITESSE DANS LES MONTÉES QUAND ON PÉDALE”

Pour cette école adepte de la pédagogie de projet, cette aventure est aussi un support pour donner du sens aux apprentissages. « En classe, nous travaillons sur les échelles, la conversion de mesures, les distances, le plan, la lecture de textes divers, la production d’écrits, etc., détaille Virginie. En arts visuels, les élèves inventent un blason et votent pour leur préféré ». C’est aussi participer à la lutte contre les inégalités en donnant une occasion supplémentaire aux élèves de sortir de leur environnement immédiat en découvrant le patrimoine et la richesse du département. C’est pourquoi Ayoub a hâte de pratiquer les activités prévues lors du séjour : kayak, Chambord, Maison de la Loire...

« L’argent ne doit pas être un frein, affirme le directeur. Une participation de 15 euros est demandée aux familles ». Le complément (entre 100 et 130 euros par enfant) est pris en charge par la coopérative scolaire financée notamment par les subventions municipales. Quant aux parents, si certains sont inquiets au moment du départ, d’autres les rassurent : « C’est génial, je l’ai fait quand j’étais petite, se rappelle Aïcha, mère de Rayan et Yacine qui participent à l’événement. Cela reste une expérience fabuleuse et inoubliable pour les enfants comme pour les parents ! »

INTERVIEW DE BAPTISTE MARSEAULT, responsable de l’USEP* 41

Baptiste Marseault

EN QUOI CONSISTE L’ÉTOILE CYCLO ?

Depuis 1991, chaque année durant une semaine au mois de mai, des classes de cycle 3 partent à la découverte du département en vélo en totale autonomie sur la route. Les enseignants avec ou sans les élèves ont déterminé en amont les parcours, les activités et les visites. Les communes ont été sollicitées pour les lieux de repas et d’hébergement qui peuvent être des salles des fêtes, des gymnases ou des campings.

QUELLES SONT LES DIFFICULTÉS DES PE ?

Oser se lancer dans l’aventure car le travail préparatoire est conséquent. Le manque de matériel, de connaissances mécaniques ou le sentiment de ne pas être compétent peuvent être des freins. Il faut convaincre les familles et trouver des accompagnateurs qui devront être agréés Éducation nationale pour les entraînements et le séjour. C’est aussi obtenir le financement nécessaire.

QUELLE AIDE APPORTE L’USEP ?

Elle apporte un cadre juridique, assure le suivi des agréments des lieux d’hébergement et fait le lien avec le conseil départemental en cas de travaux sur les routes. Elle forme et accompagne les PE qui souhaitent se lancer en fournissant, par exemple, un échéancier, la présentation du projet aux parents ou encore des fiches de maniabilité du vélo. Elle prend aussi en charge l’organisation de la journée de fête en milieu de séjour à Chambord où toutes les classes se regroupent, réalisent différentes activités sportives et rencontrent des acteurs de la santé et de la sécurité.

*Union sportive de l’enseignement du premier degré.

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