Et en classe ?
Mis à jour le 27.04.23
min de lecture
Itv de Sabine Contival, CPC et ressources
Sabine Contival est conseillère pédagogique arts plastiques à Toulouse
Enseigner la poésie est-il complexe ?
Oui et non. Oui parce que la poésie mobilise chez les élèves des compétences multiples comme savoir lire, écouter, oraliser, comprendre, produire de l’écrit, restituer ce que dit un texte poétique pour pouvoir le partager, donner son avis, avoir des débats d’interprétations, etc. Et non parce qu’enseigner la poésie offre un grand champ de liberté. La poésie est protéiforme – haïku, proses, structures plus classiques, calligrammes – c’est ce qui en fait toute sa richesse. L’enseignant peut choisir l’entrée avec laquelle il fera découvrir la poésie à ses élèves, celle où il se sentira le plus à l’aise. Cette large palette d’organisation, bien que présente dans les programmes, peut paraître parfois un peu effrayante selon la formation que les enseignants ont pu recevoir.
Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les PE ?
Souvent, par manque de confiance, les enseignants ont une vision plutôt classique et restreinte de la poésie comme la récitation tel qu’on l’a connue dans notre enfance. Ils utilisent aussi plutôt des œuvres classiques car ils ne se sentent pas assez outillés pour se lancer avec d’autres supports. Ils voient la poésie comme un genre littéraire complexe. Une autre difficulté vient du fait que les enseignants peuvent trouver les textes poétiques difficiles à comprendre pour les élèves et parfois pour eux-mêmes. Ils ont tendance à vouloir aller trop loin dans la compréhension alors que justement la poésie permet de s’autoriser à lâcher prise. Chaque personne a sa sensibilité, son rapport au monde. La compréhension et le ressenti d’un texte peut varier d’une personne à l’autre sans que cela soit un problème. Vouloir tout comprendre est un écueil à éviter, l’important n’est pas le sens mais ce que va y mettre chaque élève. Cela peut paraître compliqué pour un enseignant d’accepter de travailler avec une part d’inconnu qui appartient à chacun.
Comment travailler la poésie en classe ?
Il faudrait lire beaucoup de textes divers aux élèves en lectures offertes, en mettant en place par exemple des rituels de lectures poétiques ou un arbre à poésies, s’autoriser à jouer avec les mots, faire des associations improbables, proposer des jeux d’écriture. Cela permet de montrer la richesse et la diversité de la poésie mais aussi que souvent les auteurs se saisissent de la poésie pour mettre des contraintes supplémentaires dans leurs écritures, pour être davantage créatif. Ne pas hésiter à se tourner vers des partenaires comme l’Office central de la coopération à l’école qui a de nombreuses ressources : outils pédagogiques, formations, matériel de communication, blog des écoles, actions diverses comme la photo-poème. La poésie doit être vécue. Il faudrait la mettre en lien avec d’autres matières artistiques comme la musique ou la danse, proposer des jeux de mise en corps. Travailler la poésie de manière ludique et collaborative pour créer un espace commun nourri par chacun dans sa singularité. Il est important aussi de faire entrer des artistes dans les classes et d’avoir des lieux et des moments de restitution et d’exposition des textes.
Ressources
LA POÉSIE, MÊME PAS PEUR !
« Le printemps des poètes en milieu scolaire » est un dossier extrêmement fourni. Il fait un état des lieux du monde de la poésie, parcourt le champ des entrées qu’elle permet et propose aux enseignant•es un catalogue d’actions – lire, dire, écrire – et de fiches pratiques pour les mettre en œuvre. Ce dossier liste les partenariats et collaborations extérieures possibles ainsi que les multiples ressources que proposent l’OCCE, le CNDP ou le réseau Canopé.
PRINTEMPSDESPOETES.COM
LA « BIBLIO DE LA MARRAINE »
Les ouvrages de référence pour l’école recommandées par Mélanie Leblanc, marraine de l’« École en poésie » (voir ci-contre page 19) :
Albane Gellé, Pouvoir rêver, Éd. L’aïl des ours Lisette Lombé, Enfants poètes, Éd. Robert Laffont
Thomas Vinau, La poésie kézako ? Éd. Gallimard, Un pas de côté, Éd. Les Venterniers
Pierre Soletti, Je t’aime, c’est décidé ; J’aurais voulu t’écrire un poème, Éd. Les Venterniers
Carl Norac, Petits poèmes pour passer le temps, Éd. Didier jeunesse
David Dumortier, Mehdi met du rouge à lèvres, Éd. Cheyne
Jean d’Amérique, Rachida debout, Éd. Cheyne
La collection Les gens, Éd. Les Venterniers
La collection Petit Va du Centre de création pour l’enfance
La revue de poésie en ligne et à imprimer Gustave Junior
Pour les tout petits : Marcella, Poèmes à murmurer à l’oreille des bébés, Éd. Les Venterniers
Le autres articles du dossier :
- Partager la créativité : la poésie à l’école fait culture commune
- Jouer avec les mots : reportage à Bourges où la poésie c'est du pain quotidien
- De bouche à oreille : reportage à Reims où la poésie est un espace de liberté, de création et d'échanges
- “La poésie nous relie” : interview de Mélanie Leblanc, poétesse et marraine 2023 d'"Ecole en poésie"