Enfants volés d'Ukraine

Mis à jour le 23.04.23

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Déportation d'enfants, en Ukraine ou ailleurs et de tout temps

La Cour pénale internationale a émis le 17 mars un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour crimes de guerre. En cause, la déportation et rétention illégales d’enfants ukrainiens par l’État russe. Selon les statistiques officielles ukrainiennes, 16 226 enfants auraient été enlevés et 336 sont portés disparus depuis février 2022. L’ONU rapporte plusieurs circonstances dans lesquelles ces rapts ont eu lieu.

"Une "russification"

Ces milliers d’enfants sont adoptés par des procédures facilitées, hors cadre légal international ou sont emmenés dans des prétendus camps de vacances. Selon Maria Lvova-Belova, commissaire russe aux droits de l’enfant, sous mandat d’arrêt également, ils y sont soumis à une « rééducation » patriotique russe pouvant inclure un entraînement militaire. Ce que viennent confirmer certains témoignages des 308 enfants rendus par l’État russe après un parcours d’obstacles des familles auprès des autorités. Les enfants sont ainsi victimes de pratiques « d’épuration-assimilation ». Mais de fait, la Fédération de Russie ne se sent nullement contrainte au respect d’un droit international humanitaire dont elle récuse le cadre. Pour Véronique Nahoum-Grappe « cette condamnation, fait rare en plein exercice, est toutefois comme un coup de tonnerre, une réhabilitation du droit. Et il n’y a pas de paix sans justice. » Un premier espoir pour la libération de ces enfants volés.

FsC 489 Enfants d'Ukraine


Véronique Nahoum-Grappe est anthropologue et spécialiste des crimes de guerre

FsC 489 Véronique Nahoum-Grappe

La déportation d'enfants est-elle un fait nouveau ? 

Tous les régimes totalitaires, stalinisme comme nazisme, ont déporté des populations, y compris d’enfants. Les dictatures franquiste ou argentine ont procédé à des adoptions illégales. On retrouve aussi ce phénomène dans les systèmes coloniaux, comme au Canada avec les enfants des peuples autochtones. La guerre en Ukraine, même empreinte de ces usages stratégiques, se place davantage dans le cadre d’un chef d’État qui veut récupérer son pouvoir en posant comme un fait que l’Ukraine lui appartient. Sur les murs de Marioupol, les soldats ont écrit : « Vous êtes russes pour toujours ».

Quel est le but ? 

Posséder l’espace, avec des colons russes, mais aussi la mémoire (les cimetières, les musées sont rasés) et le futur. Interdire de parler la langue, modifier les noms pour empêcher l’identité ukrainienne. On estime à une quarantaine les camps destinés à rééduquer ces enfants pour leur inculquer « l’âme russe ». Dans un pays où la cruauté est signe d’infaillibilité politique, les dangers pour les enfants sont énormes. En parallèle, les viols systémiques visent à anéantir toute filiation ukrainienne. C’est une destruction de l’avenir culturel dans une logique génocidaire. Libérer ces enfants, c’est maintenir l’avenir de l’Ukraine.

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