Écrire beaucoup pour écrire bien
Mis à jour le 24.05.23
min de lecture
Reportage dans le Gers, l'orthographe en manipulant.
À Arblade-le-Haut (Gers), les élèves de cycle 3 se familiarisent avec les règles orthographiques en manipulant mots, bouts de phrases et textes.
« Écrire souvent, en contexte ». Pour Christine Campistron, enseignante à l’école Arblade-le-Haut dans le Gers, l’orthographe s’installe durablement en écrivant. Ce matin, les élèves de CM1-CM2 cherchent des indices pour trouver quel animal surgit face au héros de l’histoire qu’ils lisent. Dotés d’ardoise, ils notent les informations au fur et à mesure de la lecture par l’enseignante. « Des sabots qui frappaient le sol », « une masse velue », « les poils touchaient presque le sol » « des cornes noires ». Tous les indices sont reportés au tableau par une élève sous la dictée de ses camarades. Chaque écrit donne lieu à un rappel des règles orthographiques, la nature grammaticale est mise en avant pour justifier les différentes marques du pluriel. La suite du texte doit, ensuite, être complétée par la production de groupes nominaux. « On élimine grand, gros, méchant, petit, rappelle l’enseignante, vous avez des outils affichés partout ». Les murs de la classe sont tapissés de collectes de mots se rapportant au roman étudié. Mais piocher ici un adjectif, là un nom commun nécessite de réfléchir aux accords pour écrire correctement les nouveaux groupes nominaux. Comment éviter de répéter « la bête » ? « Géant monstrueux », « masse puissante », « monstre hideux », « masse trapue », les propositions foisonnent avec autant de défis orthographiques à relever. L’issue heureuse du combat est donnée au détour d’un exercice de transformation d’une phrase au singulier en phrase au pluriel. Verbes encadrés, noms communs soulignés, les élèves discutent maintenant des marques du pluriel des verbes au passé simple.
Une construction dans le temps
« Les élèves écrivent beaucoup, explique Christine. Quand ils arrivent en CM, ils connaissent la plupart des règles orthographiques de base mais cela ne suffit pas. Il faut les appliquer, les manipuler. C’est en les utilisant au quotidien, dans des contextes différents, qu’ils les installent réellement pour arriver à des automatismes dans les productions d’écrit. »
Dans ce regroupement pédagogique intercommunal (RPI), les enseignantes ont construit une progression et des méthodes de travail communes. L’orthographe est un moyen de réfléchir au sujet de la langue, elle est travaillée en contexte dans toutes les disciplines. Des carnets de mots sont constitués au fil des lectures. Les matériaux récoltés sont utilisés dans différents types d’écrits, dans des productions, pour construire les résumés, mais servent aussi de support à des exercices sur les règles d’accords.
Dans la classe de CE2 de Béatrice Palangue, en partant de phrases écrites par les élèves s’organise une chasse aux groupes de mots au pluriel pour les transposer au singulier. Des exercices d’entraînement sont bien sûr proposés mais ces classes s’appuient sur des projets littéraires, scientifiques ou artistiques pour privilégier l’entrée par le sens. « Ici, les élèves sont en réflexion permanente, souligne Béatrice. Il y a une réelle vitalité ».