"Deux mois sans école, ce n'est pas dramatique"

Mis à jour le 02.06.20

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Interview de Benoit Urgelli : quel impact de la crise sur la scolarité des enfants ?

Benoît Urgelli est agrégé de sciences, maître de conférences et formateur d’enseignants à l’ISPEF Lyon 2

Quelles sont les conséquences de la fermeture des écoles pour les élèves ?

Cette situation est totalement inédite, les enfants ont découvert leurs parents sous un autre jour, ce qui a suscité de nombreux questionnements et émotions. Pour certains enfants, la situation s’est parfois accompagnée de remarques du type « tu n’écoutes jamais rien, tu commences à me fatiguer, ça fait trois fois que je t’explique ça... », et ce quel que soit le milieu social. Ces propos sont en lien avec notre héritage familial et culturel, et la portée que l’on donne aux apprentissages scolaires. Après la période initiale de sur-sollicitation des enfants, il a fallu souvent lever le pied, du côté des familles et des enseignants, pour trouver un nouvel équilibre.

Quel impact sur leur scolarité ?

Deux mois sans école, ce n’est pas dramatique. L’enfant apprend quels que soient les contextes, même lorsqu’il s’ennuie. Il acquiert aussi d’autres savoirs et compétences que ceux inscrits dans les programmes de son cycle. Mais l’enfant apprend d’autant mieux qu’il est dans un climat de sécurité et de confiance. Les enfants ont vécu cette période de manières très différentes. Cela nécessitera un temps d’adaptation, pour retrouver un autre rythme de vie, d’autres rapports aux adultes, et la présence pour les enfants de leurs pairs.

Quels conseils à la reprise de l'école ? 

Il faudra collaborer avec les parents, AESH, infirmiers et psychologues scolaires pour permettre aux enfants de verbaliser leur vécu. Côté apprentissages, l’enseignement primaire étant structuré en cycles, cela laisse la possibilité de reprendre les enfants là où ils en sont réellement. Il faudra d’ailleurs associer les familles dans le bilan des apprentissages en confinement et dans les propositions d’adaptation pédagogique. Un bilan de retour sous forme d’évaluations chiffrées, du type des évaluations nationales, serait, selon moi, d’une extrême maladresse. Revenir à l’école, c’est apprendre à nouveau ensemble, de manière collaborative, tout en tenant compte des conditions sanitaires qui s’imposent. Les enseignants sauront co-construire des solutions pédagogiques, mais ils devront être accompagnés dans l’organisation de temps d’écoute empathique, dans une école bien différente.

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