Derrière les barreaux

Mis à jour le 05.02.24

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Nathalie Bagot enseigne en prison. Portrait.

Enseignante à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), Nathalie Bagot aide à ouvrir de nouvelles portes.

FsC 495 Enseigner en prison

Nathalie Bagot choisit il y a quatre ans d’enseigner auprès d’un public particulier d’adultes à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). « Avant j’étais banquière. J’ai décidé il y a quatorze ans de devenir enseignante parce que je voulais transmettre. » Au tout début de sa carrière, elle atterrit par hasard dans l’enseignement spécialisé qu’elle ne quitte plus. Des enfants en situation de handicap aux adultes en milieu carcéral, la grande liberté pédagogique qu’elle a par rapport à l’enseignement en classe ordinaire la motive. « Il n’est pas question de pression des programmes mais d’évolution positive de l’élève », remarque-t-elle.

« En prison, tu ne rentres pas comme tu veux, observe Nathalie. Tu n’as pas le droit d’avoir ton téléphone, ni de connexion Internet dans l’espace de détention ». Des mesures de sécurité qui ne la contraignent pas, Nathalie venant toujours faire ses cours avec enthousiasme. Ses élèves ont des objectifs différents : certains ont arrêté l’école en CE2, d’autres souhaitent apprendre à lire et à écrire ou veulent passer le brevet. Elle en prépare aussi certains à passer le diplôme d’étude en langue française. Elle est d’ailleurs habilitée, comme d’autres collègues, à les certifier. « Quand tu les vois passer leurs diplômes, c’est très valorisant »,
confie-t-elle.

Impliquer des adultes

« Enseigner à un public d’adultes est complètement différent parce qu’il faut vraiment chercher comment les accrocher », d’autant plus en milieu fermé. « Ce n’est pas simple de revenir à l’école en étant adulte », affirme-t-elle. Nathalie part d’ailleurs de leur vécu pour développer des ateliers de réflexion philosophique. « Ces élèves ont des enfants, donc j’organise des débats sur "pour ou contre l’uniforme" par exemple et ça leur parle ». En co-intervention avec d’autres enseignants, comme le professeur de mathématiques, elle construit également des projets de reprise d’activité, en lien avec un organisme professionnel.« Le temps en classe, les élèves oublient qu’ils sont en maison d’arrêt », remarque Nathalie. Mais ce n’est pas facile de construire une ambiance de classe en raison « d’un turn over assez important », les détenus étant inculpés pour des peines courtes. Ses élèves sont tous volontaires. Elle ne s’est jamais sentie en « insécurité » car en cas de problème, elle « déclencherait l’alarme et les surveillants arriveraient. L’élève serait interdit d’école, ce n’est donc pas dans son intérêt ».Avec la volonté que ses élèves se réinsèrent au mieux, cette enseignante œuvre en partenariat « avec les équipes du service pénitentiaire d’insertion et de probation ». Elle échange et se coordonne régulièrement avec ses collègues exerçant dans d’autres structures pénitentiaires lors de formations ou de séminaires organisés au sein des unités pédagogiques régionales. Venir enseigner en maison d’arrêt a transformé « ma façon d’enseigner, d’être pédagogue et de transmettre, conclut-elle. C’est une grande satisfaction ».

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