C’est pas si facile

Mis à jour le 02.06.20

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A l’école Pergaud Lapierre du Mans, l’enseignement à distance entre illusion et réalité.

« Ben non, on n’était pas prêtes ! », s’exclament les enseignantes des CP dédoublés de l’école élémentaire Pergaud Lapierre située en REP+ au sud du Mans (Sarthe). Le 12 mars, à l’annonce du confinement des écoles, personne ne l’était en fait, ni le corps enseignant ni l’Institution. Le lendemain matin, vendredi, l’équipe se réunit en urgence au moment du déjeuner. « Il s’agissait d’abord de rassurer les parents. Leur dire que ça allait se faire... même si on ne savait pas trop quoi ! », commence Mathilde Jack. Les enseignantes de CP travaillent ensemble, les mêmes supports, la même méthode de lecture. Cela a bien facilité la tâche pour prévoir très vite des cahiers et des photocopies avec des exercices de révision. Un planning sur quatre jours avec travaux de phonologie/encodage, des productions d’écrits, des tracés à la règle... Et voilà les enfants prêts pour le confinement, les cartables tout rebondis. « Cela nous a laissé le temps de penser à la suite », complète Marion Drouet.

Se débrouiller

« Dès le lundi, nous avons récupéré les mails, les numéros de téléphone et fait du porte-à-porte pour distribuer les documents aux élèves absents le vendredi », explique Nadège Renard. L’idée du padlet, (mur virtuel collaboratif) a émergé. Dans cette école de 21 classes et une ULIS, des VPI (vidéo projecteurs interactifs) sont installés depuis septembre. « Il y a un logiciel pour créer des documents mais nous n’avons pas eu de formation », ironise Marion. Il a fallu faire avec les compétences techniques de chacune. « On s’est filmées à l’école pour les lectures. Après, à la maison on s’est réparti les tâches : vidéos de consignes, mises en situation… avec toujours à l’esprit d’éviter de perdre les plus fragiles » complète Nadège. Elles ont aussi créé un padlet récréatif. « On a proposé des activités en arts plastiques, des poésies, des chants, des vidéos en anglais, du sport à partir de séances d’animations pédagogiques » poursuit Isabelle Reyes. Mais il a fallu se débrouiller car le nombre de padlets est limité et parfois, les documents trop lourds.

Garder le lien

« Dans ce quartier à l’habitat mixte, beaucoup de familles sont en souffrance psychologique et leur rythme de vie est totalement bousculé », déplore Mathilde. Certains travaillent sur des téléphones portables, les tablettes n’ont pas toujours de connexion Internet, quant à l’ordinateur, il faut souvent le partager. « Dans chaque classe il y a au moins trois élèves qui ne peuvent pas utiliser ce que l’on envoie. Il y a un monde entre ce que l’on prépare et ce qu’ils font » dit Nadège. Malgré des appels réguliers pour garder le lien et des lectures au téléphone avec les élèves les plus en difficulté, certaines familles sont fuyantes. Comment imaginer aborder de nouvelles notions sans creuser les inégalités ou même évaluer, comme l’auraient souhaité certains inspecteurs. « On n’attend pas de retour », conclut Mathilde « s’ils font quelque chose c’est déjà qu’ils n’ont pas décroché ».

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