Chronique littérature jeunesse ~ novembre 2018

Mis à jour le 13.11.18

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Elzbieta, l’enfance en partage

Chaque mois, Marion Katak choisit quelques livres dans sa grande bibliothèque : pour nos petits et grands lecteurs, ses coups de cœur, ses propositions thématiques... Elle rend ici hommage à Elzbieta, grande auteure de littérature de jeunesse, disparue en octobre 2018.

Une grande dame de la littérature jeunesse nous a quittés le 8 octobre.


« L’enfant et l’artiste habitent le même pays, une contrée sans frontières, un lieu de transformations et de métaphores où les mots vivent en vrac, se quittent, se rassemblent en troupeaux de hasard... » C’est le pays qu’explorait la créatrice de Flon-Flon et Musette,disparue le 8 octobre.
Elle laisse une œuvre d’une cinquantaine de livres empreints de mélancolie et de douceur. Chacun d’entre eux est construit comme une architecture, avec une recherche de rigueur et de grande simplicité. Son esthétique se voulait sobre : « faire le plus avec le moins », éviter le lyrisme et le débordement, alors même qu’elle aborde des sujets graves comme l’abandon, la guerre ou la mort. Reconnaissant « une part d’autobiographie » dans tous ses livres, sa complicité avec les enfants l’amenait à « essayer de les accrocher par ce [qui peut] les intéresser ».

Et les petits plus du mois...

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Marion Katak nous invite à aller au cinéma découvrir le nouveau film d'animation de Michel Ocelot, Dilili à Paris .

C’est dans le Paris de la Belle époque que le réalisateur a choisi de situer l’histoire de Dilili, petite fille Kanake à qui l’on s’adresse par la phrase caricaturale « toi comprendre moi ? ». Un Paris blanc dans une époque où le racisme est omniprésent et que Michel Ocelot de Kirikou et d’Azur et Azmar met en scène dès la première image avec l’exhibition d’une famille noire, au jardin des plantes. Mais Dilili c’est aussi un film féministe puisque l’intrigue consistera pour l’héroïne à déjouer le terrifiant complot d’une bande de suprématistes masculins : les Mâles-Maîtres qui enlèvent des petites filles. Les plans de Dilili à Paris sont composés à la fois de dessins originaux et de véritables photographies en prises de vues réelles, qui rappellent au spectateur que le cinéma est fondamentalement un art de lumières, d’images, de montage et de trucages. Dans ce road-trip policier, techniquement très maîtrisé, teinté de poésie et d’humanité, Michel Ocelot surprend une fois encore, affirmant ainsi ses talents de grand innovateur.

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Retrouvez l'entretien que Marion Katak a eu avec Michel Ocelot en cliquant sur sa photo.