Un sursis pour les colos

Mis à jour le 23.05.18

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D’abord menacés par la transposition en France de la directive européenne Travel sur la protection des consommateurs, les accueils collectifs de mineurs à but non lucratifs devraient finalement être épargnés. Les explications d’Anne Carayon, directrice générale de la JPA*

Travel menace-t-elle les colos ?

La directive européenne Travel sert à protéger les touristes. Les « tour-operators » souscrivent à un fond de garantie pour protéger les vacanciers des aléas d’un séjour. Pour les organisateurs d’accueil collectif de mineurs (ACM) cela ajouterait une charge pour une garantie dont ils n’ont pas besoin puisqu’elle est déjà assurée par la loi pour les séjours qui se passent en France. Ce serait surtout une surcharge administrative et financière pour les petits organisateurs qui se traduirait par un surcoût ou par la disparition des séjours de proximité. Or c’est le plus souvent eux qui permettent dans un contexte de confiance et de moindre coût les départs en vacances des enfants des milieux populaires. Pour l’instant, même si nous sommes rassurés par les propos du ministre qui a indiqué exclure les ACM de la directive, sur le plan juridique rien n’est encore fait.

Les colos, ce n’est pas du tourisme ?

Il ne peut y avoir de confusion avec le secteur touristique. Nous ne sommes pas des « tour-opérators ». La différence avec le secteur lucratif est l’attachement à la transmission de valeurs et de compétences lors de nos séjours. C’est pour cela que nous dépendons du code de l’action sociale et des familles et non pas de celui du tourisme. Notre combat pour permettre à tous les enfants de partir et vivre ensemble dans des séjours mixtes est une vraie différence. Nos projets gardent la distance avec une simple consommation du loisir et permettent aux enfants d’être acteurs de leurs vacances pour devenir demain acteur dans la société.

En même temps une pétition #EnVacances, Pourquoi ?

Trop d’enfants restent exclus du départ en vacances, mais également trop d’adultes ou de personnes en situation de handicap. Avec l’Unat et Solidarité Laïque nous souhaitions faire savoir que 22 millions de personnes ne partent pas en vacances chaque année. L’idée est de sensibiliser le grand public et les élus pour qu’ils prennent conscience de cette exclusion. Le travail mis comme priorité ne rend pas accessoire le départ en vacances. Elles restent essentielles et il nous faut les faire remonter dans les priorités gouvernementales. Quand on part en vacances on apprend à être mobile, à réagir face à des imprévus, des compétences essentielles qu’on n’acquière pas forcément sur les bancs de l’école.

* La Jeunesse au plein air est une confédération regroupant 47 mouvements, associations, syndicats, dont le SNUipp-FSU, et mutuelles qui agissent ensemble pour promouvoir le droit aux vacances.