L’Éducation passe à Matignon

Mis à jour le 09.01.24

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Après seulement cinq mois passés au ministère de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a été nommé Premier ministre. Amélie Oudéa-Castéra lui succède rue de Grenelle dans un ministère aux attributions pléthoriques. Le regroupement de l’Education nationale, de la jeunesse, des sports, des jeux olympiques et paralympiques montre une mise sous tutelle de l’éducation. De fait, les décisions qui concernent l'École et ses personnels seront en réalité prises à Matignon et à l’Élysée.

Nommé premier ministre, Gabriel Attal cède à l’appétit du pouvoir. L’éducation nationale lui aura servi de marchepied.
La nomination d’Amélie Oudéa-Castéra à sa place fait plus qu’interroger. Une ministre qui aura sous sa responsabilité l’Éducation Nationale mais aussi la jeunesse, les sports, les jeux olympiques et paralympiques ne pourra pas tout faire. Cela résonne comme du mépris pour les personnels.
Mais ce ressenti ne peut masquer le fond du choix politique, celui de réduire les compétences de la rue de Grenelle : une totale mise sous tutelle du ministère.
Le Premier ministre n’a-t-il pas déclaré qu'il sera "le garant" de la "priorité absolue" accordée à l'Éducation" ?

Et l’École et ses personnels dans tout ça ?

A qui devront dès lors s’adresser les personnels et leurs représentant·es ? La question est posée.
Mais plus encore, ce qui se dessine c’est la continuité politique totale avec les orientations antérieures. Orientations qui sont pourtant massivement rejetées par les premier·es concerné·es.
Contrairement à ce que vante sa communication, le bilan Attal à l’EN est décrié par les personnels.
Rien n’a été fait pour répondre aux alertes de la profession, les nombreux témoignages récoltés par le syndicat le confirment. Le crise d'attractivité sans précédent du métier appelle pourtant des réponses fortes en termes de salaires ou de conditions de travail.

Une grève unitaire dans l’éducation est appelée le 1er février prochain. Elle fait suite au dépôt de 102 alertes sociales au mois de novembre pour exiger des moyens, du respect et une autre politique éducative.
Ce que révèle cette nomination doit renforcer la détermination des collègues à se faire entendre pour être respecté·es ! Toutes et tous en grève le 1er février.

Communiqué de presse

Un ministère comme marchepied à une carrière politique

Après cinq mois passés au ministère de l’Éducation nationale, Gabriel Attal cède aux sirènes du pouvoir et accède au poste de premier ministre du gouvernement d’Emmanuel Macron. Ce court passage à la rue de Grenelle montre une ambition personnelle forte, plus forte que celle de servir l’Éducation. Durant ces cinq mois, il a tenu un discours traditionnel pour séduire un électorat de droite voire d’extrême droite.

Tous les chantiers ont été engagés contre les organisations syndicales majoritaires dont la FSU-SNUipp et donc contre la profession. Gabriel Attal n’a pas été un ministre de l’Éducation Nationale mais un ministre de l’opinion publique. La communication à tout va aura été sa ligne de conduite à rebours du dialogue social : il ne suffit pas d’organiser des réunions pour que celui-ci ait lieu. L’échange de points de vue, la prise en compte des arguments développés par les représentants et représentantes des personnels nécessitent du temps. Un temps que le ministre n’aura pas pris, trop occupé à servir son avenir.

Vouloir réformer l’école en quelques mois était un objectif bien prétentieux. Gabriel Attal aura non seulement méprisé l’expertise des enseignantes et enseignants mais aura fait vivre un rythme effréné à l’école, surfant sur tous les sujets polémiques qui pouvaient le rendre populaire : port de l’abaya, tenue vestimentaire imposée, retour du redoublement. Des prétendues vérités ont été affirmées par le ministre, totalement déconnectées de la réalité du terrain.

Or, l’Éducation a besoin de temps long, de se nourrir du terrain, de l’ensemble des travaux de la recherche et non d’une politique à court terme avec une succession de ministres et leurs lubies.

A ce jour, Gabriel Attal n’a pas répondu aux attentes de la profession en matière de salaires, de conditions de travail et d’exercice du métier. A aucun moment il n’a évoqué les effectifs des classes françaises comme étant les plus élevés de l’OCDE, l’inclusion sans moyens qui se fait au détriment des élèves et des personnels, le nombre croissant de fiches santé et sécurité au travail rédigées par les PE, les remplacements non assurés, le manque de temps des directeurs et directrices pour répondre aux injonctions de l’administration, les milliers d’élèves qui vivent dans des conditions précaires voire à la rue… Autant de sujets qui font le quotidien des personnels de l’Éducation nationale et qui mériteraient qu’un ministre s’en préoccupe réellement.

Quel que soit le ou la remplaçante de Gabriel Attal au poste de ministre de l’Éducation nationale, la FSU-SNUipp, syndicat majoritaire dans le premier degré, rappellera les priorités de l’école, notamment lors de la grève intersyndicale du 1er février.

Paris, le 9 janvier 2024