Strasbourg et le vélo : hop hop hop !

Mis à jour le 11.12.17

min de lecture

Une politique des transports, de développement urbain et des mobilités actives, volontariste et soucieuse du climat place Strasbourg en tête des villes françaises pour le vélo. Une volonté partagée par la direction départementale de l’Éducation nationale et les associations.

Strasbourg, en bordure du Rhin, avec ses 280.000 habitants est la capitale française …du vélo. Avec 600 kilomètres de pistes cyclables, 19000 arceaux de stationnement, 6000 Vélhop (vélos en libreservice) et plus de 310.000 deux-roues chez les particuliers, elle est aussi en 4e position des villes cyclables européennes. Fait rare qui éclaire la politique volontariste qu’il mène sur ces dossiers, Roland Ries, maire socialiste, est en charge des transports mais aussi des mobilités et des déplacements. « Je souhaite faire comprendre aux Strasbourgeois que l’on peut choisir un modèle de développement compatible avec une réelle attention à l’environnement, à la qualité de vie et à la santé. Privilégier les modes de déplacement actifs comme le vélo ou la marche constitue aussi un enjeu de santé publique » explique l’édile. « Deux ans après la signature de la COP21 en 2015, c’est l’ensemble des politiques publiques d’un territoire qui doit arriver à changer la donne » poursuit Alain Jund, adjoint écologiste à l’urbanisme et à la transition écologique « L’un des objectifs du plan climat 2030 de l’Eurométropole est l’évolution des modes de déplacement. La part modale des déplacements en voiture est de 46%, nous voulons atteindre 32% en 2030 et doubler la part du vélo qui est actuellement de 8%. ». Des programmes sont en cours de réalisation pour développer les infrastructures et l’intermodalité, favorisée par une politique tarifaire solidaire.

Et le vélo dans tout ça ?

 «La part de ceux qui ne font pas de vélo est stable à 49%, ceux qui en font en font plus, mais comment toucher ceux qui n’en font pas ? » se demande Jean-Baptiste Gernet, adjoint aux mobilités actives. Un plan d’action des mobilités actives (PAMA) sera présenté début 2018 pour encourager l’usage du vélo et la marche à pied dans toute l’agglomération de 500 000 habitants . «Nous développons les déplacements familiaux pour aller à l’école et Vélhop qui a une délégation de service public, met en libre service le vélo cargo deux places. Pour allonger les distances de déplacement, ils vont proposer de « tester » le vélo électrique. Nous organisons un challenge « Au boulot à vélo » et encourageons les entreprises qui favorisent les déplacements à vélo ». Selon l’Insee en 2015, 16% des Strasbourgeois se rendaient au travail à vélo contre 2% à l’échelle nationale. Mais les conflits d’usage jettent une ombre sur ce tableau idyllique. Au petit matin, Théo sort de la gare son vélo à la main. « J’habite vers Haguenau à 35 kms de Strasbourg, mais après 7h, difficile de caser son vélo dans le train. Avant il y avait des wagons spéciaux. Et puis à Strasbourg, les camions stationnent sur les pistes cyclables.» ronchonne-t-il. Alice qui quitte la gare à pied s’énerve : « Il faut repenser la ville et laisser le trottoir aux piétons car certains cyclistes y roulent comme des fous. En plus beaucoup ne respectent pas les feux rouges.». À Strasbourg, des associations comme Bretz’selle et Vélostation développent des ateliers d’auto-réparation et concoctent de nombreuses ballades. Tout comme CADR67, qui propose, dans les quartiers périphériques défavorisés, le vélo-école à ceux qui n’ont jamais fait de vélo pour leur offrir plus d’autonomie. Le Comité d’Action Deux Roues milite depuis plus de quarante ans pour la promotion du vélo à Strasbourg et sur l’ensemble du Bas-Rhin. Et tout n’est pas rose. Fabien Masson, son directeur affirme : « On rencontre la ville et l’Eurométropole deux fois par an pour parler sécurité, faire des propositions et soumettre des projets mais on a du mal à reprendre de la place sur la voiture. L’état devrait plus s’engager alors que la prime aux vélos électriques a été supprimée et que l’indemnité kilométrique vélo n’est que facultative. ».

La communauté éducative se mobilise

Les habitudes se prennent quand on est jeune et la ville de Strasbourg n’oublie pas l’école. Des élèves de CE2 et ceux de l’ULIS de l’école du Ziegelwasser située en Rep+ sortent emmitouflés et casqués pour effectuer deux parcours vélo dans la cour. L’un des quatre parcs de 25 vélos fournis par la Ville de Strasbourg et gérés par la circonscription de Strasbourg 2 a été révisé par l’enseignant d’Ulis David Herrmann. Véronique Martin, CPC, raconte : « Une école dispose des vélos pendant une période pour les élèves du CE2 au CM2. Certaines classes s’engagent dans le permis cycliste qui comporte une sortie en milieu non protégé vers l’école suivante. La formation EPS pour les enseignants inclut la technologie autour du vélo mais également la santé ». Régis Guinta, chef du service périscolaire éducatif complète : « Des classes de découverte sont animées par le service des sports. Le Centre d’éducation routière propose une piste de prévention routière qui sensibilise chaque année plus de 5000 enfants.» Pierre Bertrand, CDP EPS du département explique : « Avec ces activités pédagogiques et la création de parcs à vélos, plus en plus d’enfants viennent à l’école à vélo. Les parents ont moins peur et les enfants sont plus autonomes...les activités de roule font partie des programmes ». Nicolas Kastendeutsch a passé la vitesse supérieure avec ses élèves de CM2. Il organise chaque année une classe transplantée dont tous les déplacements se font à vélo. « L’année dernière, les élèves ont fait plus de 100 kilomètres. Il y a eu une bonne préparation physique, un travail sur la technique du vélo, les techniques collectives de conduite mais aussi beaucoup d’activités en maths, en arts plastiques... ». Et les élèves de la classe ont tout compris. « Quand c’était difficile, on s’encourageait » se souvient Jade. « On sait rouler sur une route » complète Aysenur. « Le vélo c’est économique, on n’achète pas l’essence» affirme Ilyès. « À vélo, on est plus en liberté, on profite mieux et on voit la nature différemment et puis ça pollue moins » continue Célia avant qu’Oriane ne conclue « Si ça continue, les arbres ne vont pas rester vivants ».