Scolarisation des 3 ans : dérapage du ministre
Mis à jour le 02.09.19
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Ainsi donc l’abaissement de l’instruction obligatoire à 3 ans permettrait-il de lutter contre le fondamentalisme religieux qui aurait tendance à éloigner les filles de l’école. Le ministre se prend les pieds dans le tapis, mais le mal est fait.
Cette affirmation du ministre de l’éducation nationale le 31 août sur les ondes de France Culture a de quoi faire réagir et a obligé bon nombre de journalistes à chercher dans les statistiques des données chiffrées permettant d’étayer cette parole. Mais, les faits sont têtus, il n’en est rien. En effet comme le montrent les études mises à jour annuellement par la DEPP, les filles sont aussi bien scolarisées que les garçons. Et parmi ceux et celles qui ne le sont pas (très minoritaires) on retrouve une proportion sexuée à l’image des taux de filles et garçons parmi les naissances.
Rétropédalage en règle
Vivement interpellé, l’entourage de Jean-Michel Blanquer a dû ramer à contre-courant expliquant que les propos du ministre n’avaient pas valeur de statistiques mais qu’il souhaitait pointer la situation de certaines familles, dans certains quartiers, à certains endroits… Une information à peu près invérifiable donc mais qui surfe allègrement sur la peur entretenue dans l’espace public de la présence massive d’un fondamentalisme religieux qui sévirait dans les quartiers empêchant les petites filles d’aller à l’école.
Une mesure que la rue de Grenelle peine à justifier
Le dérapage du ministre pourrait aussi laisser penser qu’il a bien du mal à justifier une mesure qui n’aura de fait que très peu d’incidence sur le taux et les conditions de scolarisation et qui s’avère en revanche un véritable cadeau pour l’école privée sous contrat. Rappelons que dans les territoires les plus en difficulté avec la scolarisation des jeunes élèves, comme Mayotte ou la Guyane, les moyens ne sont déjà pas au rendez-vous pour scolariser pleinement les plus grands …
Des propos qui n’aident pas
Ce ne sont pas de telles paroles qui pourront aider les équipes dans les écoles à construire un lien de confiance et de proximité avec toutes les familles quand certaines d’entre elles sont ainsi pointées du doigt. Aussi, la rue de Grenelle aurait pu s’abstenir de prononcer des propos qui d’habitude ne dépassent pas le comptoir en zinc. à moins que, coûte que coûte, il soit indispensable de construire un écran de fumée pour mieux masquer les moyens insuffisants permettant de renforcer la scolarisation là où elle fait réellement défaut ou encore de permettre aux élèves d’âge maternel et à leurs enseignantes et enseignants de travailler dans de meilleures conditions.