Rentrée en musique : la fausse note du tambour-major

Mis à jour le 23.06.17

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Alors que le ministre demande aux enseignants d’accueillir leurs élèves « en fanfare » à la rentrée, le SNUipp-FSU lui rappelle que les équipes d’écoles n’improvisent pas ce moment.

Le communiqué

Le 21 juin, date symbolique en la matière, le ministre a adressé une note aux recteurs dans laquelle il invite les enseignants, dès le jour de la rentrée des classes, à « proposer aux élèves, qui étaient déjà présents l’année précédente, d’accueillir leurs nouveaux camarades en musique, manière chaleureuse de leur souhaiter la bienvenue ».

Si le SNUipp-FSU est bien entendu favorable à soigner tout particulièrement l’accueil réservé aux élèves lors de ce moment important et symbolique de la rentrée, s’il considère que l’enseignement de la musique et plus largement de la culture et des arts doit occuper une place essentielle dans les apprentissages, il perçoit le coup de trompette médiatique du ministre comme un couac qui signe une sérieuse méconnaissance du fonctionnement des écoles.

Une production artistique, avec l’intervention de parents d’élèves, d’associations, comme indiqué dans les directives ministérielles, ne s’improvise pas en quinze jours, surtout avec des groupes d’élèves qui changent avec la nouvelle année scolaire, tout comme d’ailleurs les enseignants affectés à l’école.

Bien conscientes de l’importance pour leurs écoles de la journée de rentrée, les équipes n’ont pas attendu les consignes du ministre pour réfléchir à des organisations respectueuses du bien-être et de la sécurisation matérielle et affective de leurs élèves : accueil échelonné, individualisé, présentation en douceur de l’école et des personnels, décoration festive… La rentrée en musique ne peut être qu’une modalité parmi d’autres, étroitement dépendante des compétences et de la formation des enseignants. On ne s’improvise pas chef de chœur !

Après des mesures précipitées sur les rythmes, sur les CP à 12, voilà une nouvelle annonce en fanfare, avant tout destinée à l’opinion publique et qui ressemble fort à une injonction venant d’en haut sans prendre en compte la réalité du terrain. Chanter à la rentrée ? Fort aise, mais avec des effectifs trop lourds, des RASED qui manquent et une formation au rabais, les enseignants vont-ils danser toute l’année ?

Paris, le 22 juin 2016