Rentrée 2017, ce qui attend l’école et les enseignants
Mis à jour le 23.08.17
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Exceptions faites des CP à 12 et du décret sur les rythmes, l’arrivée d’un nouveau ministre rue de Grenelle n’a pas en apparence modifié le visage d’une rentrée dont les grandes lignes avaient été fixées par le gouvernement précédent. Cependant les premières déclarations de Jean-Michel Blanquer ne rassurent pas, aussi bien quant à la politique éducative qu’il entend mener que sur le sort réservé aux enseignants des écoles. Le point sur ce qui va changer cette année.
Du côté de l’école
CP à 12 et REP +
2500 cours préparatoires « dédoublés » dans les REP +, c’est la mesure « phare » annoncée par Jean-Michel Blanquer censée permettre à 100 % des élèves de réussir leur CP. Outre que ce dispositif se met en place à moyens constants sans création de postes et donc au détriment notamment du « plus de maîtres que de classes », on peut s’interroger sur sa pertinence et son efficacité. Recentrer l’apprentissage de la lecture sur l’année de CP va à l’encontre de la notion de cycle et de la progressivité des apprentissages réaffirmée dans les nouveaux programmes. Quid des élèves socialement défavorisés scolarisés en REP ou en classes ordinaires ? Ils continueront à fréquenter des classes parfois trop chargées et à se passer des RASED insuffisamment reconstitués. Le ministre a annoncé dès cette année la mise en place d’une évaluation de l’ensemble des élèves de CP.
Rythmes scolaires
Le décret paru au journal officiel du 28 juin dernier a permis à un certain nombre de communes de passer dès cette rentrée à une organisation de la semaine scolaire sur quatre jours. Les cinq matinées de classe ne sont donc plus obligatoires. Les modifications de l’organisation de la semaine restent soumises à l’autorisation de l’IA-DASEN sur proposition conjointe d’une commune (ou d’un établissement public de coopération intercommunale) et d’un ou plusieurs conseils d’école.
Programmes
Les programmes de maternelle de 2015 et d’élémentaire de 2016 n’ont pas été remis en question par le nouveau ministre. Ceci alors que les enseignants n’ont d’ailleurs pas bénéficié d’un accompagnement à la hauteur pour les aider à les mettre en place. Pour autant, les différentes déclarations du ministre évoquant des inflexions vers un recentrage sur les fondamentaux ou une école maternelle dédiée à un apprentissage systématisé du langage ne sont pas sans inquiéter.
Sécurité
Les mesures de sécurité dans les écoles ont été renforcées par l’instruction commune des ministères de l’Éducation nationale et de l’Intérieur du 12 avril 2017. Il convient désormais de rédiger deux plans de prévention et de mise en sécurité (PPMS) distincts. L’un est classiquement consacré à la gestion des risques majeurs, l’autre est dédié aux risques spécifiques liés à l’attentat. Des documents ont été conçus pour aider directeurs et adjoints à élaborer des consignes de sécurité (education.gouv.fr) mais pour l’instant aucune formation spécifique n’a été prévue.
Psychologues
Le nouveau corps de psychologues de l’Éducation nationale a été créé au 1er septembre. Les lauréats du premier concours doivent effectuer un stage auprès d’un psychologue tuteur en pratique accompagnée.
Enseignants spécialisés
Les enseignants spécialisés en formation préparent désormais la nouvelle formation CAPPEI. Cette formation dans laquelle les options ont disparu se décline en modules : un tronc commun de 144 heures, deux modules d’approfondissement de 104 heures, un module de professionnalisation de 52 heures. Mise en place dans la précipitation, cette réforme pose de nombreux problèmes non réglés à ce jour : identification des postes au mouvement, distinction des deux parcours RASED… L’organisation même de la formation connaît à ce jour de nombreux dysfonctionnements.
Plan numérique
Datant de la rentrée précédente, la plan numérique reste à l’ordre du jour des formations en cours. Un kit de formation, constitué de banques de ressources à destination des enseignants de cycle 3 est disponible depuis mai 2017 sur education.gouv.fr. Un nouveau référentiel de compétences se substitue à l’ancien B2i.
Du côté des personnels : nouvelles carrières
Des nouvelles grilles
Au 1er septembre 2017, les enseignantes et les enseignants des écoles en classe normale bénéficieront d’un reclassement dans de nouvelles grilles avec une durée d’échelon réduite. Une mesure qui permettra à une partie des personnels des promotions plus rapides.
Hors-classe
Une carrière complète devra dorénavant se dérouler au minimum sur deux grades (classe normale et hors-classe). Pour l’instant, les arbitrages ne sont pas rendus sur les éléments du barème permettant, pour les promotions 2018, de garantir à tous l’accès à cette hors-classe. Le SNUipp-FSU revendique que tous les enseignants aujourd’hui en fin de carrière puisse accéder à la hors-classe avant leur départ en retraite.
Rendez-vous de carrière
Exit l’inspection plus ou moins régulière et sa note pédagogique : place aux rendez-vous de carrière. Une nouvelle procédure d’évaluation organisée au moment des passages aux 7e et 9e échelons de la classe normale ainsi qu’à la hors-classe et à la classe exceptionnelle. Ce rendez-vous de carrière est composé d’une visite en classe cadrée par un guide harmonisé sur tout le territoire, d’un entretien, d’un compte-rendu et d’une appréciation finale émise par l’IA-DASEN s’appuyant sur l’avis de l’IEN.
Avancement
Les trois rythmes d’avancement - ancienneté, choix et grand choix - disparaissent, au profit d’une cadence unique, hormis lors du passage du 6e au 7e et du 8e au 9e échelon au sein de la classe normale. Une accélération d’avancement d’un an est prévue pour 30% de ces personnels promouvables.
Classe exceptionnelle
Au 1er septembre est créée une « classe exceptionnelle », dernier étage d’un parcours professionnel réservé à 10% des enseignants déjà à la hors-classe et pour partie à ceux exerçant en éducation prioritaire ou sur des fonctions particulières. Les modalités précises d’accès devraient être déterminées dans le courant du premier trimestre. Quoi qu’il en soit, le SNUipp-FSU est opposé à une disposition qui ne serait ouverte qu’à une petite minorité des personnels. Pour le syndicat, l’accès à l’indice terminal de cette classe exceptionnelle doit être ouvert à tous.
Pour aller plus loin :
Porte-monnaie
ISAE
A cette rentrée, une partie des enseignants qui jusqu’ici en étaient écartés percevront une ISAE d’un montant de 1 200 euros annuels. C’est le cas des personnels qui exercent en SEGPA, EREA et ULIS-collège. Mais pour le SNUipp, le dossier n’est pas clôs, certaines catégories d’enseignants tels que les conseillers pédagogiques, ceux qui exercent en milieu pénitentiaire ou encore les coordinateurs REP en restent exclus.
Indemnité d’activité de coordination et de synthèse
D’un montant de 1 765 € par an, elle se substitue aux heures de coordination et de synthèse. Cette indemnité permet de protéger les personnels d’interruptions de versement de ces heures et d’harmoniser des situations aujourd’hui très disparates. Elle sera versée aux enseignants d’ESMS (ce qui se traduit pour la plupart d’entre eux par une revalorisation), et à ceux de SEGPA, d’EREA et d’ULIS second degré. En revanche, l’indemnité spécifique du second degré, d’un montant de 1 559 euros, versée aux personnels des SEGPA, des EREA et ULIS-collèges est supprimée. Résultat, une partie d’entre eux subira une perte de rémunération pouvant aller jusqu’à 400€.
Indemnité de mission particulière
L’IMP est créée pour les PE chargés de missions particulières au plan académique ou départemental. Elle devrait se monter à 1 250€ pour les animatrices et animateurs TICE. Elle sera de 2 500€ pour les enseignants référents handicap en lieu et place de leur ancienne indemnité de 929€. Pour eux, le SNUipp-FSU sera attentif à ce que le montant de 2 500€ soit bien versé à tous, dans toutes les académies.