Rentrée: 2/4 en prévention

Mis à jour le 26.08.21

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Dans un contexte de quatrième vague, la Guadeloupe et la Martinique voient leur rentrée reportée alors que la Polynésie a vu la sienne écourtée. Les écoles de métropole, elles, reprennent ce 2 septembre avec un protocole de niveau 2. Alors que le taux d'incidence chez les mineurs est cinq fois supérieur à celui de la rentrée 2020, le ministre allège les mesures sanitaires en niant le caractère inquiétant de cette rentrée sous variant Delta.

En cette fin de vacances scolaires, la circulation du virus est jugée "intense" par Santé Publique France. Pourtant les écoles reprendront avec un protocole sanitaire en deçà de celui du mois de juin. 

Le variant Delta et la vaccination ont changé la donne de l'épidémie ces derniers mois. Le taux d'incidence chez les 0-9 ans a fortement augmenté (128 contre 30 en 2020) de même que son rôle dans la transmission, en particulier en école primaire puisque les plus jeunes ne sont pas vaccinés. "Le fait que le variant Delta soit davantage transmissible, y compris en extérieur, fait consensus", explique Michaël Rochoy, médecin membre du collectif "Du côté de la science", dans une interview à Fenêtres sur cours. Et "comme plus de personnes sont contaminées, en particulier chez les non-vaccinées, il y a de fait plus d'enfants touchés" précise-t-il. L'institut Pasteur estime qu'une contamination sur deux concernerait les enfants et adolescents à l'automne.

Pour une prévention sérieuse

L'école est un espace où se côtoient nombre d'enfants venus de cercles familiaux et sociaux nombreux. Elle est de plus un lieu avec des salles de classe aux effectifs peu adaptés à la distanciation, sans système d'aération pour la plupart. S'y ajoute le temps de la récréation et de la restauration scolaire, moments où le masque n'est pas porté. Affirmer avec aplomb et répétition que "les écoles seront simplement des lieux de circulation comme les autres " et qu'elles resteront ouvertes toute l'année ne suffira pas à protéger.  

Dans une tribune du Monde, des médecins et enseignant.es, dont le SNUipp-FSU, appelaient à une prise en compte sérieuse de la situation. En choisissant le niveau 2 parmi les quatre déclinaisons des protocoles, identique sur tout le territoire, le ministre ne prend pas en compte la diversité de circulation du virus et s'entête dans un déni dangereux. Le port du masque est maintenu en intérieur, mais il est suspendu en extérieur, alors que le variant Delta s'y diffuse davantage que l'Alpha du printemps dernier. Les brassages de divers groupes sont possibles sur les temps de repas. En bref, on lève les mesures lors des activités les plus à risque, quitte à d'annihiler les effets des mesures de non brassage respectées au sein des classes. 
De plus, malgré les annonces sur une aide (non chiffrée) aux collectivités pour doter les établissements de capteurs de CO2, peu d'écoles en bénéficieront à la rentrée. Rien non plus sur un équipement en purificateurs d'air ni pour accompagner l'installation de systèmes d'aération qui pourtant permettraient de prévenir d'autres contaminations telle que la grippe. 
Quant aux tests de dépistage, leur nombre insuffisant et leur organisation assez aléatoire et ponctuelle ne constituent pas une mesure adaptée pour éviter des fermetures de classes en cascade. C'est une véritable stratégie de tests deux fois par semaine qu'il faudrait développer pour une prévention efficiente. C'est d'ailleurs une demande du Conseil scientifique qui indique dans sa note d'alerte du 20 août que "les études de modélisation suggèrent qu'une adhésion de 50% de la population scolaire à un dépistage bihebdomadaire permettrait de garder les classes ouvertes si les enfants trouvés infectés sont renvoyés à leur domicile."
Reste le principe d'une fermeture de classe dès le premier cas identifié, une mesure heureusement conservée. 

Pour maintenir le service public d'éducation ouvert, ce sont bien des mesures de prévention contraignantes qu'il faut mettre en œuvre, en les différenciant selon les territoires en fonction de l'état de l'épidémie. Même si chacun et chacune aspire à retrouver des relations et une école d'avant pandémie, la rentrée doit se faire dans les meilleures conditions possibles en assurant la sécurité des
élèves, des personnels et des familles, et par là même de la population.