Réforme de la formation initiale : où va l'école ?

Mis à jour le 24.12.20

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Prévue par la loi Blanquer, la rue de Grenelle travaille depuis plusieurs mois à une réforme de la formation initiale. Pour le SNUipp-FSU, il s'agit encore d'une occasion d'économiser des moyens, de centrer les contenus de formation sur les fondamentaux et de préparer entre autres un recours toujours plus important aux personnels contractuels...

Tout au long du travail d’élaboration de la réforme, le ministère a réuni les organisations syndicales autour de groupes de travail afin de leur présenter l’avancée du chantier et leur donner l’impression d’écouter leurs remarques et propositions. Ce simulacre de concertation a eu de plus en plus de mal à se tenir et le dernier groupe de travail a vu la FSU et d'autres organisations claquer la porte tant pour montrer leur désaccord sur le fond que sur la forme (envoi des documents de travail la veille, textes qui revenaient totalement sur les points d’accord de la séance précédente…)

En voici les grandes lignes, prévues pour rentrer en application dès la rentrée 2021, ainsi que les conséquences concrètes dans les écoles.

Formation initiale

Qu’est-ce que ça change pour les futurs enseignants ?

Le passage du concours (et donc l’entrée dans le métier) serait repoussé d’un an : à la fin de la 2ème année de master. Comment démocratiser l'accès au métier et résoudre le manque d'attractivité vers les métiers enseignants dans de telles conditions ? Une épreuve sous la forme d'un entretien professionnel - proche de l'entretien de motivation - serait ajoutée avec son lot conséquent de subjectivité. 

La formation se retrouverait dégradée sous prétexte d’une préprofessionnalisation avec :

  • des étudiants en contrat d’AED « prépro » (assistants d’éducation) de 8h/semaine dès la 2ème année de licence et jusqu’au M2 MEEF (en responsabilité de classe dès le master) ;
  • des étudiants en master alternant (contrat de 12 mois à1/3 temps en classe pendant le master MEEF) avec une rémunération moindre, 865€ brut/mois ;
  • le PPPE (parcours préparatoire au professorat des écoles) : cette formation serait une sorte de modèle hybride avec un enseignement généraliste en lycée, des cours en universitaire et des stages en milieu éducatif.

De nombreux stagiaires seraient utilisé·es à temps plein en classe (s’ils ont suivi le master MEEF avec ou sans alternance) alors que dans un même temps celles et ceux qui n’auraient pas suivi le master MEEF se retrouveraient à mi-temps devant élèves, ce qui n'améliorerait en rien la situation actuelle !

Il est à craindre que les étudiant·es en master MEEF qui échoueraient au concours en fin de M2, face au peu de débouchés, permettent de constituer un vivier idéal de personnels contractuels...

Et quelles conséquences dans les écoles ?

Dans les écoles, se retrouveraient une multiplicité d’étudiant·es aux statuts différents :  

Réforme formation initiale

Quel suivi de ces étudiant·es ?

Des tuteur·trices de terrain seront « désigné·es », pour accompagner ces étudiant·es en mission d'enseignement dans les écoles. Ses missions de formation initiale sont aujourd'hui assurées par des PEMF ou CPC, c'est-à-dire par des enseignant·es certifié·es qui ont eux-mêmes ou elles-mêmes suivi une formation conséquente. De même qu'enseigner s'apprend, apprendre à enseigner demande une qualification reconnue ainsi que du temps de décharge. Or demain, ces nombreux tuteurs et tutrices le feront sans formation conséquente, sur des temps non visibles et avec une rémunération deux fois moins importante !

Pour le SNUipp-FSU, cette réforme de la formation initiale n’est pas à la hauteur des enjeux !
Le recrutement passant d’un concours de fin de Master1 (Bac+4) à des épreuves fin du Master 2 (Bac+5), cela recule l’entrée du métier par voie statutaire. Le SNUipp-FSU revendique un concours placé en fin de L3, suivi de deux ans de formation sous statut de fonctionnaire stagiaire validant un M2.
Le SNUipp-FSU revendique également un prérecrutement d’étudiant·es sous statut d’élèves professeur·es, rémunéré·es sans contrepartie de travail dès l'entrée en L1 et à tous les niveaux du cursus universitaire.