Faisons de l'égalité une réalité !

Mis à jour le 07.03.16

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A l'occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la FSU, l'UNSA, la CGT, Solidaires, et la CFE-CGC appellent les femmes et les hommes à se mobiliser pour faire cesser les discriminations et à faire de l'égalité une réalité.

En 2016, alors que les femmes sont plus diplômées que les hommes, que 6 lois successives et de nombreux accords ont affirmé le principe de l'égalité salariale, il y a toujours 27 % d'écart de rémunération entre les femmes et les hommes.

Alors que l'accès à l'emploi est un moyen d'émancipation et d'autonomie déterminant pour les femmes, seules 66 % d'entre elles sont en emploi, contre 75 % pour les hommes. Les femmes sont d'avantage touchées par la précarité : 11,6 % sont en CDD (7,6 % des hommes) et elles représentent 80% des salarié-es à temps partiel Elles sont 80% à déclarer être régulièrement confrontées à des attitudes ou comportements sexistes au travail.

Ce sont encore elles qui assument l'essentiel des responsabilités familiales et qui sont directement pénalisées par l'insuffisance des services publics de prise en charge de la petite enfance mais aussi de la dépendance. Seule une action volontariste et déterminée permettra de faire reculer ces inégalités.

Lire :
- le communiqué commun


Interview

Fenêtres sur cours a interrogé Mathieu Narcy, économiste, membre du Centre d'étude de l'emploi (CEE), co auteur avec Chloé Duvivier et Joseph Lanfranchi d'une étude sur les écarts de rémunérations entre hommes et femmes dans la Fonction publique.

Votre étude porte sur les inégalités salariales hommes/femmes dans la fonction publique. Que montre-t-elle ?

 

Alors que le statut des fonctionnaires impose le principe d'égalité entre femmes et hommes et que le salaire des agents titulaires est indexé sur une grille indiciaire, cette étude met en évidence d'importantes inégalités salariales parmi les 1,5 million d'agents titulaires. En effet, l'écart de rémunération totale entre hommes et femmes s'élève à presque 23% dans la Fonction publique d'État (FPE), à 17,5% dans la territoriale et à 6,6% dans l'hospitalière. Pour cette dernière, le plus faible écart s'explique par le fait que le personnel médical, fortement masculinisé et très bien payé, n'est pas comptabilisé parmi les titulaires.

Comment expliquer cet écart dans la fonction publique d'État ?

La ségrégation professionnelle explique plus de la moitié de cet écart. Pour des raisons qui restent à déterminer précisément, les femmes n'accèdent pas aux mêmes fonctions hiérarchiques et de responsabilité que les hommes. Elles sont sous-représentées dans la catégorie A+ et parmi les corps les mieux rémunérés de la FPE. Par exemple, alors que 60% des agents titulaires sont des femmes, moins d'une sur cinq appartient à l'un des dix corps les mieux rémunérés de la FPE. Une autre explication réside dans le fait que les femmes ne travaillent pas autant que les hommes : 18% travaillent à temps partiel contre seulement 3,5% des hommes. En outre, l'impact de la maternité est déterminant : la naissance d'un enfant augmente les inégalités salariales qui se creusent encore plus selon le rang de l'enfant.

On retrouve ces inégalités chez les professeurs d'école ?

Oui. En 2010, année de référence de l'étude, le corps des PE était féminisé à 82% et l'écart de rémunération totale moyenne de 10,5% en faveur des hommes. Un écart qui s'explique par la surreprésentation masculine dans les fonctions et les corps les mieux rétribués : direction d'école, hors-classe… Une autre partie de l'écart de rémunération provient du montant plus élevé des primes touchées par les hommes et afférentes à certaines missions particulières. Sortir de cette situation supposerait sans doute une évolution des normes sociales qui assignent encore trop souvent les femmes à l'éducation des enfants et aux tâches domestiques et participent au maintien du désormais bien connu « plafond de verre ».

Lire :
- l'étude du CEE