Évals CP : les résultats en question

Mis à jour le 14.05.19

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Le SNUipp-FSU était reçu au ministère le 13 mai pour une présentation des résultats des évaluations CP-CE1. L’occasion pour le syndicat de rappeler les raisons de son opposition à ces tests standardisés et de poser quelques questions qui fâchent.

Épreuves inadaptées, mise en situation d’échec ou d’anxiété des élèves, conditions de passation biaisant les résultats, difficultés de saisie des résultats, intimidation des PE qui entendent utiliser leurs propres outils… tout, ou presque, a déjà été dit sur ces évaluations CP-CE1, jugées au mieux comme inutiles par une grande partie de la communauté éducative.
Le SNUipp-FSU y est pourtant revenu une fois de plus, à l’occasion d’une rencontre au ministère de l’Éducation nationale où était présentée l’analyse des résultats de ces tests nationaux standardisés.

Que disent les résultats ?

Trois notes d’informations produites par la Depp, les services statistiques du ministère ne font que confirmer les résultats des évaluations internationales et ce que la profession savait déjà. Les élèves progressent au cours de l’année, une partie d’entre eux est en difficulté, des écarts de résultats sont constatés entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres, les dédoublements de classe ne permettent pas le « 100% de réussite », les élèves du privé ont de meilleurs résultats que les élèves du public, les compétences en compréhension en lecture et les résolutions de problème sont celles qui sont le moins maîtrisées et les plus discriminantes...
Le ministère martèle que ces évaluations ne sont là que pour aider les enseignants et les enseignantes dans leur diagnostic des difficultés que peuvent rencontrer leurs élèves. Et qu’il entend bien les accompagner dans leur travail de remédiation. Sauf qu’aujourd’hui, dans accompagnement on entend surtout contrôle, pressions et autoritarisme.

Les questions qui fâchent

Pour le SNUipp-FSU, ce n’est pas à partir de tests standardisés qu’on construit son enseignement. Or, au détour d'une phrase, le ministère admet qu’il s’agit bien aussi de ça. Et justement, dans un texte très documenté dont il a livré la primeur au SNUipp-FSU, Roland Goigoux, spécialiste reconnu de l’enseignement de la lecture développe l’idée que ces évaluations ne sont que le premier étage d’un dispositif plus vaste : « La réponse à l’intervention » (RAI). Un concept anglo-saxon des enseignements dont l’objectif est « d’intervenir le plus tôt possible pour prévenir les difficultés d’apprentissage sans attendre que l’échec s’installe et sans se soucier, dans un premier temps, des causes de ces difficultés. » Un dispositif où « Le choix des tests joue un rôle primordial dans l’élaboration des tâches de remédiation et, plus largement, des tâches d’enseignement ».
Dès lors, le syndicat interroge. Ce dispositif de « réponse à l’intervention » deviendrait-il l’alpha et l’oméga de l’exercice du métier dès la rentrée prochaine ? Les outils de remédiation qui lui sont attachés seront-ils imposés ? Comment s’organisera cette remédiation dans le temps de la classe et quels élèves seront concernés ? Comment les enseignants seront-ils formés à l’usage de ce dispositif complexe ?
Et surtout, surtout, en quoi cette façon d’enseigner permettra-t-elle de répondre vraiment aux difficultés que rencontre une partie des élèves, tout en proposant à tous l’ensemble des savoirs qui leurs permettront de réussir ?

Pas de réponses

A toutes ces questions, le ministère n’a pas répondu ou a botté en touche. Et malgré les nombreuses critiques, quasi unanimes des organisations syndicales, la rue de Grenelle persiste et signe. Des expérimentations sont déjà prévues sur de nouveaux exercices ou items, les modalités en sont définies : évaluations obligatoires, passation sur les deux dernières semaines de septembre, un seul cahier par élève, cahiers mis à disposition fin août, temps de saisie des résultats plus court... Décidément, l’époque est à l’écoute.
Mais quoi qu’il en soit, le SNUipp-FSU continuera de s'opposer à ces évaluations. Il poursuivra sa campagne avec et auprès de la profession pour réclamer leur abandon.