Direction d'école en surchauffe
Mis à jour le 24.09.20
min de lecture
Alors que les directrices et directeurs d’école pâtissent déjà d’une charge de travail importante, dénoncée à maintes reprises et amplifiée depuis le printemps, la crise sanitaire ne doit pas être le prétexte à alourdir davantage ce qui leur est demandé au quotidien. Une situation que les représentantes et représentants du SNUipp-FSU ont exposé lors du groupe de travail direction d'école mercredi 23 septembre, rue de Grenelle.
Depuis la rentrée, les sollicitations vont crescendo… Il s’agit le plus souvent dans l’urgence de prendre connaissance des consignes fluctuantes, de les transmettre à l’équipe éducative et aux parents d’élèves, de faire remonter les situations aux inspections … sans pour autant disposer de plus de temps pour effectuer ces tâches supplémentaires. Les protocoles et consignes modifiés constamment entraînent surcharge de travail et pressions : rarement les directrices et directeurs auront été épuisés si rapidement après la rentrée ! C'est le message qu'a fait passer le SNUipp-FSU lors du groupe de travail qui s'est réuni mercredi 23 septembre, rue de Grenelle, un an après le suicide de Christine Renon, directrice en Seine-Saint-Denis.
Surchauffe dans les écoles
Dans plusieurs départements, les décharges de direction sont supprimées suite au manque de remplaçant·es et des réunions intempestives sont ajoutées. Il est parfois demandé aux directrices et directeurs de se rendre disponible les week-ends pour donner de l'information aux familles. Les représentant·es du personnel ont d'ailleurs alerté le CHSCT ministériel à ce sujet afin de veiller au droit à la déconnexion.
L'animation de l'équipe pédagogique est souvent sacrifiée pour répondre aux différentes sollicitations, à la mise en oeuvre d'un protocole à géométrie variable, aux diverses enquêtes, ou encore à la rédaction des projets d'école à renvoyer pour la veille. Toutes ces tâches fastidieuses pour lesquelles le SNUipp-FSU demande un moratoire.
Deux points étaient à l'ordre du jour de ce groupe de travail, les décharges de direction et la délégation de compétences qui inscrite dans la loi n'est pourtant pas encore au bout du cheminement parlementaire.
Sur les décharges
Le ministère souhaite s'attaquer en priorité aux petites écoles sans décharge en mettant en réflexion la création d'1/8ème de décharge hebdomadaire qui pourrait se traduire par un jour de décharge toutes les deux semaines pour les écoles de une à trois classes. À la demande émise par le SNUipp-FSU et la plupart des organisations syndicales d'un quart de décharge hebdomadaire pour toutes les écoles qui n'en ont pas actuellement, la rue de Grenelle a opposé une fin de non recevoir évoquant un coût budgétaire trop important.
À ce stade, le ministère n’apporte aucune proposition à la nécessaire augmentation des quotités de décharge existantes pour l’ensemble des autres écoles de 4 classes et plus, il y a pourtant urgence.
Sur les délégations de compétences
Alors que cette notion de délégation de compétences inscrite dans la loi Rilhac est toujours en discussion au parlement, l'exécutif semble vouloir aller vite sur le sujet. Or les directrices et les directeurs ne sont pas en demande de compétences supplémentaires mais au contraire d'un allègement de leur charge de travail. Le ministère a engagé la réflexion sur de possibles délégations de compétences pour des objets qui ne sont pas des petits sujets :
- L’accueil et l’accompagnement des stagiaires et néo-titulaires
- L’école inclusive et la coordination des PIAL
- Les activités péri et extra-scolaires en lien avec le projet d’école
- L’articulation du temps de l’enfant : PEDT et parcours inter cycles entre la maternelle et l'élémentaire et sur le cycle 3 à cheval avec le collège.
Alors que certaines de ces missions sont déjà dévolues à d'autres personnels comme les PEMF, on est loin d'aboutir à un allègement des fonctions de direction. Ces discussions mettent en évidence la méconnaissance du premier degré et une volonté d’établir des directions à la carte.
Les demandes de la profession sont pourtant connues du ministère qui a lui même mené enquête l'an dernier. Il est urgent de créer des emplois statutaires à temps plein pour l'aide à la direction et au fonctionnement de l'école. Toutes les écoles ont besoin d'une augmentation de leur temps de décharge. La partie administrative de la fonction doit être allégée et les tâches non indispensables pour la vie de l’école, les élèves et les familles doivent être supprimées. C'est de cela que les directions des écoles ont besoin en urgence et non pas d'une assignation de nouvelles compétences en fonction des appétences des uns et des autres.
Enfin, la question de la revalorisation salariale permettant de reconnaitre véritablement la fonction de direction reste toujours d'actualité, au même titre que la rémunération de l'ensemble des personnels des écoles.