Des quartiers prioritaires à la dérive

Mis à jour le 13.06.16

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Un récent rapport de l'Observatoire national de la politique de la ville met en lumière la situation toujours préoccupante des quartiers dits prioritaires.

« Un réel apartheid social et territorial. » La formule du Premier ministre, qui semblait inviter à une mobilisation sans précédent des pouvoirs publics reste hélas d'actualité, à la lecture du rapport sur la situation des quartiers prioritaires rendu début mai par l'Observatoire national de la politique de la ville. Précarité, chômage, discriminations, échec scolaire : les quelque 5,3 millions de personnes résidant dans les 1 436 quartiers identifiés en 2015 comme relevant de la nouvelle politique de la ville demeurent bien les premières victimes de la situation économique et sociale. 68% d'entre elles perçoivent des allocations sous conditions de ressources, contre 45% au niveau national relève l'observatoire. Seule une femme sur deux âgée de 30 à 49 ans vivant dans ces quartiers travaille, quand elles sont quatre sur cinq ailleurs. Plus globalement, le taux de chômage y est de 26,7%, contre 10% en moyenne nationale, et un homme diplômé à bac+5 de plus de 30 ans a 22% de chances en moins d'occuper un emploi de cadre lorsqu'il en est issu.

Inégalités de destin scolaire

Les moins de 30 ans y sont moins diplômés que dans les autres territoires, 61 % ont un niveau d'étude inférieur au bac (contre 37 % ailleurs) et seulement la moitié d'entre eux est en activité. En dépit des politiques développées dans l'éducation prioritaire, le constat est toujours également cruel s'agissant des taux de réussite. 22 % des élèves scolarisés dans les quartiers prioritaires sont en retard à l'entrée en 6e quand ils ne sont que 12 % dans les autres, 75 % obtiennent le brevet des collèges contre 86 % au niveau national. Autant de chiffres qui montrent une nouvelle fois que « Le quartier dont on est issu construit un déterminisme insupportable » déplorait Hélène Geoffroy, secrétaire d'État à la Ville, lors de remise du rapport. Certes. Mais une fois le constat statistique posé, et chiffré, reste à apporter enfin des réponses à la hauteur. Pas sûr que le programme de rénovation lancé fin 2014 et doté de 5 milliards d'euros sur 10 ans y suffise.

Lire :
- le rapport de l'Observatoire national de la politique de la ville