Coronavirus : l’école bousculée
Mis à jour le 12.03.20
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Pour le SNUipp-FSU, les annonces de la rue de Grenelle sur la continuité pédagogique se heurtent à plusieurs obstacles malgré la bonne volonté des enseignants. Des enseignants qui comme leurs élèves et les familles doivent bénéficier de mesures adéquates pour assurer leur protection
Le communiqué
Prévenir une crise sanitaire majeure conduit à prendre des mesures fortes, dont la fermeture d’écoles, pour le moment limitée à certaines zones géographiques et à deux départements. Cela suscite des questions pour les élèves, les familles et les personnels.
Quelle réalité recouvre la vaste opération de communication ministérielle sur la « continuité pédagogique » pour rassurer l’opinion publique ? Les activités par niveau proposées par le CNED avec « Ma classe à la maison », tout comme les classes virtuelles, se heurtent à plusieurs obstacles et posent la question des inégalités scolaires. De nombreuses familles ne possèdent pas en effet l’équipement requis : ordinateur, imprimante (les livrets comptant jusqu’à 200 pages) voire webcam et micro... sans compter le nécessaire espace de travail au calme dans le logement pour chaque enfant. À cela s’ajoute la nécessité pour les familles de maîtriser les codes de l’école afin d’aider leurs enfants à s’y retrouver.
Tout ceci rend illusoire le recours immédiat, sans grande préparation ni véritable formation, à un outil complexe comme la classe virtuelle proposée par le ministère d’autant que l’existence d’espaces numériques de travail pour la relation école-familles reste marginale dans le 1er degré. Et la seule transmission par l’école de documents en lien avec le travail scolaire est elle-même difficile lorsqu’on ne dispose pas des adresses électroniques de toutes les familles ou que celles-ci ne disposent pas de l’équipement nécessaire.
Pour autant, les enseignantes et les enseignants se préoccupent de maintenir une relation pédagogique avec leurs élèves et les familles. C’est d’ailleurs ce qui se fait en fonction des réalités et des possibilités locales.
C’est pourquoi, pour le SNUipp-FSU, entretenir une « activité scolaire » chez les élèves, malgré la fermeture de l’école pour cause d’épidémie, apparaît comme le seul objectif raisonnable et atteignable. Tout le monde sait qu’aborder des notions nouvelles sans l’aide d’un pédagogue n’est pas envisageable à distance.
L’autre grande question qui se pose est celle de la protection des personnels et des usagers de l’école. Concernant les enseignants, difficile de s’y retrouver tant les principes de précaution du ministère peuvent être changeants et relever de l’incohérence.
La santé des citoyens et la prévention de la crise sanitaire majeure qui s’annonce doivent prévaloir sur toute autre considération, notamment d’ordre économique. C’est pourquoi le SNUipp-FSU demande des consignes claires et que toutes les mesures soient prises pour protéger les personnels des écoles comme les élèves et prévenir ainsi la propagation de l’épidémie. Aucune raison, ne doit y faire obstacle.
Paris, le 12 mars 2020