Contaminations à l'école : les intox du ministre
Mis à jour le 09.12.21
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Le nombre de contaminations explose dans les écoles. La communication gouvernementale sur la pandémie affichait "on peut douter de tout, sauf des chiffres". Le ministre semble ne pas l'avoir compris.
« On ne peut pas parler "d'explosion" des cas COVID à l'école » a estimé le ministre sur RTL le 7 décembre 2021. Pour lui « le mot est trop fort, il y a un taux d'incidence qui est en train d'augmenter ». Le taux d'incidence chez les 6-10 ans dépasse désormais 600 cas pour 100 000 (semaine du 27 novembre au 3 décembre), deux fois plus important que l'ensemble de la population. Depuis les vacances de la Toussaint, le nombre de cas positifs, selon les données du ministère, a augmenté de 827 % ! Difficile alors de ne pas constater la propagation dramatique de l'épidémie dans les écoles.
Date du point sanitaire | Nombre de cas positifs |
22 octobre 2021 | 3620 |
10 novembre 2021 | 10962 |
26 novembre 2021 | 21976 |
03 décembre 2021 | 33550 |
Jean-Michel Blanquer explique l'augmentation des cas positifs non pas par une augmentation des contaminations mais par la hausse du nombre de tests réalisés. « Ce qui a explosé, c'est le nombre de tests faits pour les enfants. (...) Avant les vacances de la Toussaint, il y avait trois fois moins de tests chez les enfants que chez les adultes. » Ces propos sont désavoués par les chiffres du ministère lui-même : pour la semaine du 22 au 29 novembre, seulement 227 117 tests ont été réalisés par rapport à l’objectif ministériel de 600 000.
Le ministère s'entête à réaliser des dépistages dits « réactifs ». Ainsi les enfants ne sont testés que s'il y a un cas positif dans la classe. Avec un résultat négatif, les élèves peuvent revenir en classe. Cette mesure ne prend pas en compte le délai d'incubation, qui fait qu'un élève peut s'avérer positif plusieurs jours après un premier test négatif (jusqu'à 4 jours pour le variant Delta selon l'Institut Pasteur). A l'inverse, ce sont des tests « itératifs », systématiques, que préconisent le conseil scientifique, ce que réclame le SNUipp-FSU depuis longtemps déjà. Si les élèves étaient testés toutes les semaines, cela permettrait de casser les chaînes de contamination, en isolant précocement les cas positifs, souvent asymptomatiques.
Face à la hausse des cas positifs, le protocole a été rehaussé au niveau 3. Port du masque dans la cour de récréation, sport sans activités de "contacts" et limitation des brassages à la cantine : les mesures n'assurent en rien une réelle protection de toutes et tous et mettent les équipes en difficultés. Le Ministre ignore la réalité du terrain, une constante depuis son arrivée au Ministère. C’est d’ailleurs pour qu’il l’entende que le SNUipp-FSU invite massivement les collègues à saisir des fiches SST.
Dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde le 6 décembre, le syndicat appelle à revenir à la règle « 1 cas = 1 fermeture ». « Le nouveau protocole répond à une logique économique et sociale, mais il ne répond pas à la nécessaire protection sanitaire. Il prend le risque d’un emballement de la situation épidémique qui conduira à une fermeture généralisée des écoles.»
La santé des élèves, de leur famille et des personnels doit primer et des mesures efficaces doivent être mises en place pour casser les chaînes de contamination à l'école. Le SNUipp-FSU continue de réclamer une campagne massive et systématique de tests, la mise en place de capteurs de CO2 et de purificateurs d'air et le retour à la règle «1 cas = 1 fermeture »