Colloque : à l'école, travailler avec la difficulté
Mis à jour le 24.11.17
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Le SNUipp-FSU a tenu un colloque ce jeudi 23 novembre autour des difficultés scolaires . Jacques Bernardin, Jeanne Moll, Florence Savournin et Stanislas Morel ainsi que plusieurs enseignantes de terrain ont rappelé l'importance de disposer de temps pour croiser les regards sur la difficulté et y répondre en équipe et des moyens pour prévenir la difficulté scolaire et mieux accompagner les élèves.
Il n'y a pas une difficulté scolaire mais une diversité de situations, a rappelé d'emblée Jacques Bernardin en ouverture du colloque "À l'école travailler avec la difficulté" organisé jeudi 23 novembre par le SNUipp-FSU. Ces difficultés, ordinaires ou spécifiques, sont l'une des préoccupations majeures des enseignants, tous les jours confrontés à l'hétérogénéité des classes. Comment y répondre? Comment conjuguer aide dans la classe et hors la classe?
Autant dire que les réponses du système éducatif français ont évolué ces dernières décennies, a retracé Jacques Bernardin."Pendant longtemps a prédominé la théorie du don", classant les élèves en filières distinctes selon leurs résultats, avec les classes de transition, de perfectionnement... Aujourd'hui, une majorité d'élèves parvient jusqu'au Bac mais beaucoup encore sortent du système sans diplômes et de fortes disparités dans la maîtrise des compétences demeurent.
Du collectif et du temps
Au fil des années, les dispositifs se sont empilés PAP, PPRE a souligné Florence Savournin, psychologue qui constate aussi l'explosion des diagnostics médicaux, bilans orthophoniques ou autres et des suivis extérieurs à l'école. Si bien sûr des élèves ont besoin de ces suivis, Stanislas Morel, sociologue, a encouragé les professionnels à "clarifier les diagnostics pour éviter les dérives, distinguer les élèves atteints de troubles des apprentissages et les autres". Car l'inflation de recours extérieurs à l'école finit par déposséder les enseignants de leur compétence à répondre aux difficultés "alors qu'il s'agit bien du coeur du métier" ont insisté Francette Popineau et Régis Metzger, co-secrétaire généraux du SNUipp. "Les enseignants sont des experts mais qu'il faut soutenir".
Jeanne Moll, universitaire présidente de l'association des groupes de soutien au soutien, a souligné l'importance de temps à trouver pour pouvoir dire ce qui pose problème, échanger avec d'autres sans jugement pour changer de regard. Ce travail à plusieurs, les intervenantes de la table ronde professionnelle en ont témoigné: professeures des écoles, plus de maître, maîtresses spécialisées de Rased, directrice de maternelle ont expliqué leur quotidien, l'importance de ne pas être seules. Pour faire face, il faut une politique ambitieuse enfin qui ne rogne pas sur les moyens, développe la mixité scolaire, réduise les effectifs, garantisse les Rased, les Plus de maîtres, AESH et dégage du temps pour que les enseignants puissent échanger entre pairs mais aussi avec les professionnels de soin, se concerter face aux difficultés d'un élève pour "répondre à l'hétérogénéité sans creuser les écarts".