Canicule : dans les classes, on fait comment ?

Mis à jour le 24.06.19

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« Garder les enfants dans une ambiance fraîche », recommande le ministère. Comment faire quand il n'y a pas de rideaux, ni de cour ombragée ou d'isolation ? Faut-il faire valoir son droit de retrait ? Le SNUipp-FSU demande des réponses concrètes au ministre. Il faut très vite des mesures qui accompagnent mieux les équipes dans ces situations climatiques qui pourraient devenir récurrentes.

Dès l'annonce de la vague de chaleur sur la France cette semaine, le SNUipp-FSU s'est adressé au ministre pour demander des réponses concrètes au ministère car les recommandations de 2017 remises au goût du jour sur education.gouv sont de peu de secours pour les équipes. Comment « garder les enfants dans une ambiance fraîche » si la classe ne dispose pas de rideaux, de volets ou de stores, si l'école n'a pas de cour ombragée ni d'isolation adaptée et peu de points d'eau ? Le ministère semble méconnaître la réalité de nombreuses classes. Dans certaines communes, des ventilateurs sont mis à disposition mais c'est loin d'être le cas partout. Souvent, c'est la débrouille. Les enseignantes et enseignants vont souvent apporter leurs propres appareils et organiser des jeux d'eau, les sorties seront limitées ou à destination de parcs où trouver un peu de fraîcheur... 
Un courrier unitaire du SNUipp-FSU, de quatre autres syndicats et de la FCPE demandent au ministre des mesures urgentes, pouvant aller jusqu'à la fermeture d'écoles là où cela s'impose.

Voici quelques éléments de réponse aux questions des équipes. 

Seuils

Existe-t-il un seuil thermique au-dessus ou en-dessous duquel fermer la classe pour préserver la santé des élèves et des personnels ? Non comme l'explique l'Observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignement mais l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) estime que dépasser « 30°C pour une activité sédentaire et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque » pour la santé.
Le SNUipp-FSU conseille donc d'effectuer des relevés de température dans chacune des salles de l'école, de les afficher à l'entrée et, au-delà de 33°C, d'utiliser le registre de danger grave et imminent pour donner l'alerte auprès de l'IEN. Il est possible de demander à la collectivité une fermeture de l'école, en lien avec le Préfet, représentant l'état.

Fermer les écoles

Face aux demandes, le ministre n'a pas exclu que des écoles puissent fermer au moment du pic de chaleur, « au cas par cas ». Mais contrairement à ce qu'il a dit, ce ne sont pas les directeurs et directrices qui ont ce pouvoir mais la mairie, propriétaire des murs, en lien avec le Préfet. Des centaines de maires ont déjà annoncé qu'ils fermaient des écoles. C'est le cas par exemple à Tours, Melun,  le  Plessis-Trevise ou encore Aulnay-Sous-Bois.
Cependant, que se passe-t-il ensuite ? Quelle prise en charge des élèves ? Le ministère n'a pas de réponse. Pour de nombreuses familles, l'habitat en logement collectif ne permet pas de protéger mieux les enfants de la chaleur. 

Droit de retrait

Le droit de retrait concerne la situation dans laquelle le personnel a de bonnes raisons de penser que sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa sécurité ou sa santé. C'est une démarche individuelle. La personne alerte alors sa hiérarchie, soit en complétant le registre de danger grave et imminent (DGI), soit en le faisant compléter par un membre du Comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) qui alerte le DASEN. La hiérarchie doit répondre au plus vite mais en l'absence de réponse, la personne peut faire valoir son droit de retrait en le notifiant à l'IEN, en le datant et en informant les familles de son absence et du besoin de mettre les élèves à l'abri du danger. Dans le cas où toute l'équipe fait valoir ce droit de retrait, les enfants se présentant à l'école sont sous la responsabilité de la collectivité.

Courriers

Il est également conseillé d'informer les familles des conditions de scolarisation actuelles afin qu’elles puissent intervenir auprès des autorités (IEN, mairie). Voici un modèle de courrier que les directeurs et directrices peuvent également adresser à leur hiérarchie.

Le SNUipp-FSU prépare une rencontre avec la FCPE et d'autres syndicats pour aborder ces questions. Il propose trois types de réponses.
  • à court terme : équiper les classes d'un thermomètre, de ventilateur ou brumisateur, distribuer de l'eau aux élèves et aux personnels et donner des directives claires pour arrêter la classe en cas de phénomènes climatiques aigus. Les équipes enseignantes savent ce qui est bon pour leur santé et celle de leurs élèves, elles doivent donc pouvoir en informer leur IEN et les familles et être soutenues, sans qu'elles aient à aller jusqu'au droit de retrait.
  • à moyen terme, il faut réfléchir à des modifications d'horaires adaptés aux chaleurs extrêmes, qui soient les mêmes pour toutes les personnes salariées et les élèves, en privilégiant la classe le matin, ce qui permettrait aux familles de récupérer leurs enfants et de limiter l'utilisation de climatisation dans les bureaux, néfaste pour l'environnement.
  • à long terme, penser un cahier des charges pour les aménagements et le bâti scolaire, afin de l'adapter aux épisodes climatiques de grand froid ou de fortes chaleurs.