Lien école-famille ”à parité d’estime”

Mis à jour le 20.06.25

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Interview de Chloé Riban

CHLOÉ RIBAN est enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation et de la formation, membre du Cref

Chloé Riban

EN QUOI LE LIEN ÉCOLE FAMILLE DE MILIEU POPULAIRE RESTE-IL VULNÉRABLE ?

Il existe une grande confiance initiale en l’école chez ces parents avec un désir fort de réussite scolaire pour leurs enfants. Cette confiance est toutefois modulée par d’autres affects : crainte de l’institution ou d’être mal-perçu, méconnaissance du système… Or, les attentes des enseignants se basent sur la figure d’un parent idéalisé qui signe les documents, participe à la vie de l’école et fait faire les devoirs - une sorte d’auxiliaire pédagogique. Cela s’accompagne d’une difficulté à se représenter la réalité des familles ou à identifier des prérequis que les parcours scolaires contrariés ou migratoires n’ont pas permis d’acquérir. Beaucoup de parents, en difficulté sur ces tâches, se rendent compte qu’ils ne correspondent pas à l’image attendue.

POURTANT CES PARENTS S’IMPLIQUENT ?

Il y a étonnamment cette idée répandue que ces parents seraient en retrait, or mes observations notent au contraire une implication polymorphe souvent invisibilisée : encouragements verbaux, appels à des aides extérieures pour les devoirs, participations aux fêtes d’école, accompagnements chez l’orthophoniste, achats scolaires… Les mères, car ce sont elles principalement, y consacrent un temps et une énergie considérables, qui viennent s’ajouter à des sollicitations et préoccupations déjà importantes pour le care et à un travail quotidien, salarié ou non, très mobilisateur mais non reconnu. La responsabilisation retombe sur les parents à travers un ensemble d’injonctions fortes autour de la parentalité, peu ajustées à leur réalité. Des oscillations, avec des moments de retrait, des esquives, constituent une préservation face à un jugement, une peur de ne pas comprendre ou de ne pas être compris.

COMMENT L'ÉCOLE PEUT AGIR?

Au préalable en prenant conscience de la réalité des familles, de leurs possibilités et impossibilités, en suspendant un jugement négatif, une vision déficitaire des parents. Par ailleurs, c’est la multiplication des modalités et des temps d’échanges qui permet une rencontre. Échanger sur un autre sujet que l’école contribue déjà à créer un lien humain, une reconnaissance mutuelle entre adultes, à parité d’estime. Ce sont ces « banalités » qui vont faire reculer l’image du « sachant », mettant le parent en situation de vulnérabilité, et sortir d’une asymétrie relationnelle pour remettre du liant.

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