En classe sans en avoir l’air

Mis à jour le 20.06.25

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Reportage classe en pleine nature dans l'Aveyron

À Saint- Jean- du-Bruel (Aveyron), la classe en pleine nature cultive le bien-être des enfants et décuple leur activité d’élèves.

« Yes ! École dehors ! ». L’exclamation spontanée de Valentin dès le rassemblement de la classe de PS/MS/GS/CP/CE2 de l’école de Saint-Jean-du-Bruel (Aveyron) dit tout de la motivation des élèves de Jessy Gil pour ce rendez-vous printanier du vendredi matin. La traversée pédestre du petit village de la verte vallée de la Dourbie, entre Larzac et Cévennes, débouche bientôt sur de grandes prairies arborées mises à disposition par la municipalité.

Le récent débroussaillage permet d’évoluer dans l’espace ouvert sans redouter couleuvres et vipères tapies dans les hautes herbes. L’activité d’ouverture « cherche et trouve » propose de prélever ou nommer des éléments naturels reproduisant les formes géométriques courantes. Ce rituel où grands et petits coopèrent en mode exploratoire est conçu par Jessy pour « fureter à travers le terrain, y prendre des repères, savoir où on a le droit d’aller ». Valentina débusque des pistils en forme de croix, Kaïs reconnaît un triangle sur le dos d’un gendarme qui se promène sur un rectangle d’écorce identifié par Enzo… Un travail d'analogie poursuivi par les « maternelles » avant de réaliser algorithmes et abécédaires avec cailloux et fleurs tandis que les CP/CE2 mobilisent les ressources paysagères pour de la phonologie, de la numération ou de la production d’écrits.

À LA DÉCOUVERTE DU PEUPLE DE L’HERBE

En plus de « favoriser l’activité physique et le repérage spatial indispensables au cycle 1, de susciter les questionnements spontanés », évoluer librement dans le pré permet d’après l’enseignante « des moments de vie qu’on ne s’autorise plus à l’école ». Un bien-être ressenti par les élèves qui se traduit par « des liens affectifs renforcés, plus d’apaisement et un sommeil de meilleure qualité lors de la sieste des PS ». L'occasion aussi pour Calyana d’éprouver le plaisir de s’isoler, au pied d’un pommier, pour rédiger en s’appropriant la consigne « choisir un endroit où l’on se sent bien ». 

Un contexte de lâcher-prise aux effets paradoxalement positifs sur l’implication de toutes et tous : « des élèves qu’on peut perdre en classe quand les activités sont très scolaires, redeviennent des enfants joyeux d’apprendre. Partir du concret leur permet de mettre du sens », analyse la maîtresse. À la condition de « ne pas reproduire ce qui se fait en classe, sinon on n’embarque pas les élèves éprouvant des difficultés », insiste Jessy. Au mitan des activités, le point d’orgue de la matinée reste ainsi le temps récréatif au cours duquel toutes et tous s’emparent de loupes et boîtes à insectes et s’égayent dans la pelouse à la rencontre de petits amis, escargots, sauterelles, grillons… observés en commun avant d’être relâchés. Même en contexte très rural, ce moment de reconnexion à la nature n’est pas du luxe car « la sédentarité et les écrans font les mêmes dégâts qu’en ville ». « L’éveil et le développement des sens constituent vraiment un grand plus pour l’apprentissage de nos enfants », confirme, enthousiaste, Krystel Martin, parent accompagnatrice. C’est ce pas de côté pédagogique qui ravit le plus Jessy : « Manipuler dehors éveille la curiosité et ancre les connaissances. Je vois que ça brille dans leurs yeux ».

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